"La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide”.
C’est par cette phrase célèbre que débute l’un des plus beaux romans de Louis Aragon. Aurélien raconte l’amour impossible entre le personnage éponyme, parisien mondain brisé par la Grande guerre, incarnant le fameux mal siècle, et Bérénice, personnage à multiple facettes à la fois idéaliste et moderne, oscillant entre la naïve provinciale qu’elle fut et l’amoureuse passionnée qu’elle deviendra.
Contre toute attente, Aurélien, jeune homme séducteur et oisif, plutôt spectateur qu’acteur de sa propre vie, tombe profondément amoureux de Bérénice, venue passer quelques jours à Paris quittant ainsi sa campagne natale.
Aurélien aime Bérénice et Bérénice aime Aurélien. Deux héros tragiques qui tentent d’échapper à leur mal-être en s’accrochant à cet amour si fort, si vibrant, si pénétrant mais qu’ils n’arriveront jamais à vivre, chacun projetant sur l’autre ses peurs et ses fantasmes. Un amour rendu impossible par cette quête d’absolu.
Séparés pendant 18 ans, leur amour ne cessera jamais d’être sans avoir pourtant jamais existé.
C’est au hasard de la Seconde Guerre que leur chemin se croise à nouveau. Des retrouvailles qui viennent confirmer ce que chacun craignait : leur amour n’aura été que chimère, répondant plus à un besoin d’aimer qu'à un amour ancré dans une réalité qui leur a échappé.
Guidée par son sens de l’absolu et l’indépendance qu’elle a conquis au fil de ces années perdues, Bérénice achève leur histoire par cette phrase attendue mais néanmoins tragique:
“Il n’y a vraiment plus rien de commun entre vous et moi mon cher Aurélien, plus rien.”
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